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15-Visite de la truffière    


La sylvi-truffière expérimentale de Brabois, une idée bien exploitée !


Cette visite sur le terrain, effectuée le 20 octobre 2015, fait suite à la conférence donnée au Conseil Départemental le 26 mars par Monsieur Léon Wehrlen, assistant, ingénieur spécialiste en reboisement forestier à l’INRA de Champenoux, co-inventeur de la sylvi-trufficulture avec Monsieur Gérard Falconnet.



Vingt Amopaliens s’étaient déplacés, curieux de découvrir tous les secrets de l’obtention de la truffe de Bourgogne (Tuber aestivum var. uncinatum Chatin). Pendant trois heures, Monsieur Wehrlen a retracé, avec beaucoup de précisions et d’enthousiasme, les différentes étapes qui ont conduit à la création, puis à l’exploitation de cette truffière originale, unique au monde. « La lorraine est une région qui a naturellement un potentiel très fort pour la truffe. Des sols calcaires, un pH de 7, un climat, une exposition favorables, et, en plus, Nancy a le potentiel scientifique ».

La sylvi-trufficulture possède deux avantages, car elle associe des arbres truffiers à des arbres forestiers ayant un intérêt en ébénisterie. Ce concept a pu être mis en œuvre, en conditions réelles, après la tempête du 26 décembre 1999. « Dans le cadre de la reconstitution des sols, cette idée innovante croise les compétences des forestiers et des chercheurs ». Janvier 2000, sur le plateau de Brabois, le terrain était un véritable champ de bataille recouvert de hêtres enchevêtrés, déracinés, aux troncs cassés ou vrillés. Les travaux d’exploitation, d’élimination des bois tombés, de nettoyage du sol ont été très longs (2000-2001) et fastidieux. Après débardage des troncs les plus volumineux et broyage de souches et de troncs, le sol était totalement déstructuré et très compacté par la circulation des différents engins de transport. En 2003, des ronces et des rejets ligneux avaient rapidement envahi le terrain le transformant en une véritable friche. Il fallait faire place nette et le réhabiliter. De décembre 2005 à fin 2006, travaux de préparation du site : les plantes indésirables ont été éliminées par des méthodes chimiques bien contrôlées et par l’emploi d’une technique originale du travail du sol. Cette technique 3B (Billon-Bombé-Becker) décompacte le sol à l’aide d’une mini-pelle, sur 60 cm de profondeur et sur une largeur de 1,20 m. Le sol, ainsi aéré, n’est pas bouleversé, car il conserve ses horizons. Les anciennes racines sont extraites. Le système racinaire des nouveaux arbres pourra ainsi plus facilement se développer dans ce sol aéré. Cette technique, utilisée pour la première fois en conditions réelles sur une surface de deux hectares, s’est révélée très efficace, car elle a permis la reprise et la croissance initiale de tous les plants, malgré des conditions climatiques chaudes et sèches, l’année de la plantation.

L’idée de génie a été de valoriser ces terrains calcaires, donc pauvres, par l’implantation d’une truffière de type verger. Une truffière (truffe de Bourgogne) comprend généralement 800 arbres à l’hectare, ce qui entraîne une dépense importante en investissement, chaque plant truffier coûtant entre 10 à 15 €. L’originalité des concepteurs de ce projet était également de diviser par deux le nombre d’arbres truffiers en les associant avec des arbres forestiers non traditionnels, afin de limiter le coût de l’investissement initial, car chacun de ces plants ne coûte qu’entre 1 et 1,50 €. Cette opération a pu voir le jour grâce au financement à part égale de la Région Lorraine et de la Communauté Urbaine du Grand Nancy (CUGN). Ont été associés à la création de cette truffière, l’INRA de Nancy-Lorraine, L’Université de Lorraine et l’ENGREF AgroParis Tech.



En 2006-2007, production de plants truffiers en serre, puis en 2007-2008, travaux de plantation. La truffe de Bourgogne a été choisie, car elle est parfaitement adaptée à notre climat et à nos sols. Sur le terrain, 12 parcelles ont été délimitées et des plans d’expériences ont été établis, permettant l’analyse statistique des résultats. Ces combinaisons associent des espèces d’arbres fruitiers endomycorhiziens comme le poirier sauvage (Pyrus pyraster), l’alisier torminal (Sorbus torminalis) et le cormier ou sorbier domestique (Sorbus domestica) avec des arbres truffiers ectomycorhiziens (noisetier, chêne pubescent et pin noir d’Autriche). Le noisetier, espèce très courante, possède un système racinaire quasi en surface ; le chêne pubescent, présent en Forêt de Haye et le Pin noir sont très rustiques. Ce choix d’essences a été réalisé en prenant en compte les besoins vitaux des arbres truffiers et leur mode de fonctionnement, sélectionnant ainsi des espèces faibles consommatrices en eau, capables de résister également aux excès de chaleur et de froid. Deux taux de peuplement en arbres truffiers, normal ou divisé par deux, ont été adoptés. De plus, des arbustes compagnons ont été retenus : présents dans les truffières traditionnelles, ils sont peu gourmands en eau. Ces arbustes, amélanchier, cerisier de Sainte Lucie, cornouiller mâle, jouent le rôle d’accompagnement et procurent de l’ombre aux arbres truffiers. Actuellement, les arbres sont bien développés et nécessitent une taille d’accompagnement favorable aux arbres truffiers. Sur ce sol, à l’origine fortement « contaminé » par une réserve d’ectomycorhizes indigènes (présence antérieure d’une forêt de hêtres), des noisetiers témoins-pièges ont été plantés, afin de mesurer un risque potentiel de « pollution extérieure » des arbres truffiers. Ainsi, des arbres testés pour leur comportement truffier pourront être proposés pour de futurs reboisements en Lorraine. Cet arboretum comporte des espèces non indigènes, comme le charme houblon, le chêne vert, le pin laricio de Calabre, le chêne chevelu…

En 2012, les analyses de 144 prélèvements de racines, effectués en 2011, ont montré que tous les plans truffiers étaient toujours uniquement mycorhizés avec la truffe de Bourgogne et qu’il n’y avait donc pas eu de contaminations croisées. « Tous les indicateurs du fonctionnement de l’écosystème truffier témoignent d’un environnement très favorable à la production de la truffe de Bourgogne sur le plateau de Brabois ».

Cette année 2015, exceptionnelle par son climat, été chaud et sec et automne doux et peu pluvieux, ne nous a malheureusement pas permis d’assister à la première récolte de truffes, de cette jeune exploitation. Il faudra encore attendre un peu, pour assister au cavage.

Tous les participants ont été conviés à assister à la 19ème Fête de la truffe qui se tiendra les 7 et 8 novembre à Pulnoy, afin de faire plus ample connaissance et y déguster cette fameuse pépite qui sait bien se cacher et se faire désirer… !

Renseignements-contact : www.truffe54.fr et www.pulnoy.fr

                                                                                                                                                          Jean-Bernard Millière

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